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Partir ou rester?

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Partir ou rester?

Par: Johannie Therrien 2025-06-09
Quand une partie de nous veut fuir… et une autre veut rester : Comprendre les conflits intérieurs dans une relation toxique


Dans mon travail de coach, j’accompagne souvent des femmes courageuses qui vivent un tiraillement intérieur profond : une partie d’elles aimerait quitter leur partenaire, tandis qu’une autre se sent « appelée » à rester, par loyauté, par amour, par espoir.

Ce paradoxe n’est pas rare. Il est le signe d’un conflit entre deux sous-personnalités intérieures, deux parties d’un même être qui ont chacune une intention positive, mais des stratégies opposées.

💡 Le cas d’une cliente : deux voix intérieures, deux vérités.
Lors d’une séance de coaching systémique intérieur, une approche visant l’actualisation des parties ressources, une cliente que j’accompagnais a donné la parole à sa partie anxieuse. 

Quand j’ai demandé à sa partie anxieuse : « Que ferais-tu si tu avais le plein contrôle de la vie de *la cliente*? », cette partie a répondu avec clarté :

« Je quitterais mon conjoint. Je ne sortirais plus jamais avec des hommes de pouvoir. Je ne fréquenterais plus ceux qui travaillent dans des milieux mondains. »

Plus tard, dans la même séance, en posant une question simple, « Et maintenant, comment te sens-tu ? » . La même cliente, cette fois connectée à une autre partie d’elle mais sans l’avoir nommé, a répondu :

« Je me sens bien. Je fais exactement ce pourquoi je suis là : aimer mon chum, malgré ses défauts, malgré ses erreurs. C’est ma raison d’être. »

Un retournement troublant pour un œil extérieur. Mais pour le coach, c’est un signal précieux.

🎭 Comprendre les sous-personnalités : un théâtre intérieur
Nous portons tous en nous plusieurs voix intérieures, des sous-personnalités ou des parties ressources, qui agissent comme des personnages d’un théâtre intérieur. Elles ont chacune :

Leurs histoires,
Leurs peurs,
Leurs besoins,
Et surtout, leurs intentions positives.

Dans le cas de ma cliente :

Sous-personnalité : Partie anxieuse 
Message :   « Pars, fuis les hommes toxiques »   
Intention positive : Protéger, éviter la souffrance

Sous-personnalité : Partie loyale
Message :   « Reste, aime malgré tout »   
Intention positive : Maintenir un lien, donner un sens à l'amour

Ces deux parties ne sont pas ennemies. Elles veulent toutes deux le bien de la personne, mais elles ont des stratégies opposées pour y arriver.
💡Ce n’est pas une contradiction. C’est une dynamique interne de survie: une partie dit 
« fuyons, c’est toxique », pendant qu’une autre dit « restons, c’est ça l’amour ».

🔄 L’ambivalence chez les victimes de manipulation
Quand une personne est peut-être en couple avec un pervers narcissique, ou un partenaire contrôlant voire  infidèle, ce genre de dualité intérieure est très fréquent.

Pourquoi ?

Parce qu’une partie protectrice voit le danger et veut fuir. Cette partie va plus loin que de juste voir le danger, elle l’anticipe afin d'éviter les relations destructrices. Elle souhaite la sécurité, l'autonomie, la confiance et l’évitement de la souffrance.

Tandis qu’une partie loyale ou sacrificielle s’accroche à l’idée que l’amour peut tout sauver et voit l’amour comme un devoir, une mission de vie. Elle se sent bien dans ce rôle, car elle croit accomplir sa raison d’être.

🧠 Pourquoi la partie anxieuse devient dominante dans les relations toxiques?
1- Hypervigilance acquise par la répétition des blessures.

La partie anxieuse se développe généralement après plusieurs expériences émotionnelles douloureuses, où la personne a été trahie, humiliée, dévalorisée, ou abandonnée.

Dans une relation toxique, cela peut se produire :
-Lors d’infidélités répétées,
-Quand la personne est régulièrement rabaissée,
-Ou quand le partenaire crée un climat instable et insécurisant.

🌀 Résultat : cette partie s’installe pour prévenir les dégâts avant qu’ils arrivent, elle devient une sentinelle intérieure en alerte constante.

2- Anticipation du danger = mécanisme de survie
Chez les victimes de pervers narcissiques ou de personnes contrôlantes et manipulatrices, la partie anxieuse est souvent en mode anticipation :

« Est-ce qu’il va encore me faire sentir coupable ce soir ? »
« Est-ce qu’il est en train de me mentir ? »
« Pourquoi il agit comme ça ? Est-ce que je vais encore souffrir ? »

Ce type de pensée n’est pas un signe de paranoïa, mais bien d’un système nerveux en hyperactivation, qui tente de garder la personne en sécurité dans un environnement imprévisible.

3- La dissonance cognitive renforce la partie anxieuse.
Quand une victime reçoit des messages contradictoires : 
(« Je t’aime » suivi de trahison, « Tu exagères » alors qu’elle ressent quelque chose de grave), cela crée une dissonance cognitive.
La partie anxieuse tente de réconcilier l’inconciliable en hyperanalysant, en doutant d’elle-même, ou en se repliant.

Elle devient plus forte, plus active et plus présente parce que la réalité ne fait pas sens.

💞 La partie loyale/sacrificielle : quand aimer devient une mission
Elle est souvent bien vue socialement : persévérante, patiente, généreuse, prête à pardonner.
Mais dans une relation toxique, cette partie peut devenir une prison dorée, où l’on confond amour et devoir, loyauté et souffrance.

1- L’intention positive : donner un sens à l’amour
La partie loyale/sacrificielle croit que l’amour sauve, que l’amour guérit et que l’amour est plus fort que tout.

Elle dit des phrases comme :
« Je suis là pour l’aimer malgré tout. »
« Je sais qu’il a des blessures, je veux l’aider à guérir. »
« Ma mission de vie, c’est de ne pas l’abandonner. »

🎯 Son intention : apporter de la lumière dans l’ombre, tenir bon même dans l’adversité, offrir ce qu’elle-même n’a peut-être jamais reçu.


2- Ses racines profondes
Cette partie est souvent née de schémas relationnels anciens, dans lesquels :

L’amour était conditionnel : « Je dois mériter qu’on m’aime. »
L’enfant a pris soin de ses parents, parfois émotionnellement, devenant "le pilier" de la famille.
Il y avait une valorisation du sacrifice : être une bonne personne, c’est s’oublier.
Croyances limitantes : « Une bonne femme reste. Elle pardonne. Elle aime inconditionnellement. »

Cette partie croit qu’en restant loyale, elle prouve sa valeur. Elle gagne sa place dans la vie, dans le cœur de l’autre, dans le monde.

3- Les signes d’une partie loyale active chez la cliente

Elle justifie les comportements de l’autre : « Il a eu une enfance difficile… »
Elle minimise : « Il n'est pas parfait, mais personne ne l’est. »
Elle se dit que c’est à elle de changer, de faire plus, de mieux aimer.
Et parfois, comme dans le cas de ma cliente en coaching, cette partie dira :
« Je me sens bien. C’est ma raison d’être de l’aimer, malgré ses défauts. »
Même si une autre partie d’elle crie intérieurement : « Fuis. Protège-toi. »


💬 En résumé
La partie loyale/sacrificielle est une gardienne de l’amour, mais elle peut devenir otage de ses propres valeurs dans des relations déséquilibrées.

Elle ne mérite pas d’être jugée. Elle mérite d’être écoutée, reconnue, et libérée de l’idée que l’amour se mesure au sacrifice.


🧭 Comment naviguer cette polarité en coaching ?
Dans l’accompagnement, mon rôle n’est pas de dire à la cliente quoi faire, mais de l’aider à faire de la place à ces deux parties pour qu’elles s’expriment, se comprennent, et peut-être… travaillent ensemble, plutôt qu’être en opposition.

Voici quelques questions puissantes que j’utilise :

Pour explorer la partie anxieuse :
« De quoi essaies-tu de protéger *la cliente*? »
« Quelle est ta plus grande peur ? »

Pour explorer la partie loyale/sacrificielle :
« Qu’est-ce que tu gagnes à rester malgré tout ? »
« Quelle valeur profonde essaies-tu d’honorer ? »

Pour inviter la conscience centrale (le “Self” le chef d’orchestre ou le capitaine du navire) :
« Que perçois-tu quand tu écoutes ces deux voix ? »
« Si ces deux parties pouvaient dialoguer, que se diraient-elles ? »

🌿 Ce que cela permet…
En posant ces questions, la cliente commence à voir qu’elle n’est pas folle, qu’elle n’est pas incohérente. Elle est simplement habitée par plusieurs parties d’elle-même qui veulent la protéger à leur manière.

Et peu à peu, elle peut faire émerger sa propre clarté intérieure en laissant aller ses anciennes croyances limitantes.

✨ En conclusion
Si tu te reconnais dans ce tiraillement intérieur,  
« vouloir fuir et vouloir rester » sache que tu n’es pas seule. Ce que tu vis est l’expression d’un conflit intérieur entre des parties de toi qui essaient chacune de t’aimer à leur façon.

Il ne s’agit pas de les faire taire, mais de leur faire de la place, de les écouter, puis de reconnecter avec ton soi profond, celui qui saura choisir, non pas sous la peur, mais sous l’amour de toi-même.


🦋 Besoin d’un espace pour explorer ces dynamiques en toute sécurité ? Je t’accompagne dans ce voyage intérieur vers la clarté, la force, et la liberté. 


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Johannie Therrien

Coach & Naturotérapeute

Fondatrice de Coach Anti PN